Écrit par Marine DEFALT
Céline Daugenet : « Donner la parole à des femmes ordinaires »
Entretien avec Céline Daugenet, Co-fondatrice de Simone Média
Avant de lancer Simone Media, Céline Daugenet a occupé des postes significatifs dans le journalisme, notamment en tant que rédactrice en chef du Grand Journal. Elle a su capitaliser sur son expérience pour créer Simone media qui se distingue par sa ligne éditoriale social pop.
En 2018 tu as co-fondé Simone Média, qu’est-ce qui a motivé cette démarche ?
Quand j’ai proposé le projet à Prisma en 2018, je suis partie d’un triple constat :
Premièrement celui de la faible représentation des femmes au sein des médias traditionnels. A la radio ou à la télé où je travaillais depuis 10 ans, nous avions tendance à inviter toujours les mêmes experts, majoritairement des hommes.
Deuxièmement, je constatais dans les usages autour de moi que nous étions de plus en plus nombreux et nombreuses à fortiori chez les jeunes à déserter la télé et la radio pour passer davantage de temps sur les réseaux sociaux. Or pour s’informer contrairement aux États Unis où de nombreux médias comme Now This ou AJ+ existaient sur les réseaux, en dehors de Brut qui venait de se lancer, en France il n’y avait peu ou pas de média sur ces plateformes.
Enfin à titre personnel, je ne me reconnaissais pas dans les magazinews traditionnels féminins. Pour accompagner Metoo, et le mouvement d’empowerment qui avait débuté, j’avais envie de donner la parole à des femmes ordinaires qui me ressemblaient davantage, de proposer de nouveaux role models auxquels il était plus facile de s’identifier.
Peux-tu nous présenter Simone Média ? Quels sont les messages portés par ce média et le type de contenu que vous produisez ?
Simone media est un média social pop et engagé créé en 2018 qui a rencontré un incroyable succès puisqu’il cumule aujourd’hui plus de 2 millions d’abonné.e.s. Si vous avez une fille, une sœur ou une nièce qui a entre 18 et 25 ans, il y a de forte chance qu’elle connaisse Simone. Pourquoi le nom Simone ? C’est d’abord une référence aux deux grandes féministes Simone de Beauvoir et Simone Veil, mais également à Simone Louise de Pinet de Borde des Forest, la première Française à avoir obtenu un permis de conduire en 1929 et enfin à Simone, mon arrière-grand-mère.
Nous sommes devenus une référence parmi les médias sociaux, grâce à notre très faut d’engagement autour de 20%, un taux souvent supérieur à celui des gros acteurs comme Brut et Konbini. Ce taux que nous mesurons aux nombres d’interactions et de commentaires que nous générons sur chacun de nos posts indique notre capacité à générer de la conversation sur les sujets que nous traitons. C’est d’autant plus intéressant que s’il est possible de pousser artificiellement la diffusion des contenus sur les réseaux en les médiatisant, les partages, les commentaires et les likes sont eux tous organiques. Cela démontre donc l’attachement très fort de notre communauté à la marque Simone et le lien de confiance que nous avons réussi à créer avec les millenials et les jeunes de la genZ à travers ce média conversationnel.
D’un point de vue business, nous avons également réussi notre pari puisque Simone media est aujourd’hui rentable. Grâce à la force de la marque, nous pouvons développer de nombreux projets de diversification dans la vie réelle et de ne pas dépendre uniquement des algorithmes des plateformes.
Dans les mois à venir, tout en continuant à développer notre communauté et nos projets de diversification, nous allons nous appuyer sur la confiance construite avec notre communauté pour lui proposer de nouveaux services et de nouvelles expériences. Notre ambition est de devenir le premier média conversationnel féminin de référence auprès des millenials et de la genZ. Mais aussi de pousser plus loin le journalisme de solution. Nous ne voulons plus simplement raconter le monde mais nous positionner comme un acteur capable d’apporter de vraies solutions à notre communauté.
Quelle sont les actions réalisées avec Simone dont tu es la plus fière ? Pourquoi ?
Notre business modèle repose principalement sur les partenariats commerciaux que nous construisons avec les marques qui partagent nos valeurs et nos engagements.
Grâce à la légitimité éditoriale que nous avons construite sur tous les sujets d’engagement que sont l’égalité hommes femmes, l’écologie, l’inclusion nous pouvons accompagner les entreprises qui souhaitent communiquer sur ces thématiques et faire bouger les lignes.
Nous avons par exemple travaillé avec L’Oréal Paris pour sensibiliser un maximum de personnes, et faire connaître la formation Stand Up contre le harcèlement de rue. Notre caméra cachée imaginée pour l’occasion a dépassé les 6 millions de vues organiques et notre proposition créative avec un D inscrit dans la main est aujourd’hui reprise dans la plupart de leurs communications, y compris dans celle portée par Eva Longoria sur le sujet.
Plus récemment nous avons collaboré avec Asics, Henkel ou la SNCF. Avec le SIG et le gouvernement nous avons co-construit un dispositif sur les violences sexistes dans les transports en commun, en créant une plateforme digitale, des podcasts et un guide distribué dans les gares afin de faire de la pédagogie sur le sujet.